MANIFESTE
STATEMENT

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Ceux qui l’ouvrent

Une inégalité fondamentale divise le monde en deux : les individus qui ouvrent sans arrêt leur gueule et ceux qu’on n’entend jamais.

Ce n’est pas une affaire d’intelligence et ce n’est pas une question sociale non plus, car dans toutes les catégories, on trouve des gens qui ressentent le besoin de s’exprimer très (ou trop) fort et d’autres qui se demanderont toujours en quoi leurs idées pourraient intéresser les autres.

Mais au-delà des verbiages et quand il s’agit de donner une forme concrète à ses idées, cette question devient primordiale : dans le domaine des sciences, on a inventé les diplômes pour déterminer qui a le droit d’ouvrir sa gueule. En dehors des sciences,  ceux qui l’ouvrent sont des artistes (et/ou des politiques).

Fasciné par cette question de la vocation artistique, j’ai commencé par étudier l’histoire de l’art avant de m’investir dans la promotion des créateurs que j’admirais le plus. Pendant toutes ces années, je me suis quotidiennement interrogé sur la question de la légitimité… jusqu’au jour où…

J’ai fini par réaliser que tous ces questionnements étaient justement mon matériau artistique. À l’heure où la personnalité du créateur est devenue aussi importante que son travail, j’ai adopté l’artiste comme sujet. Mais un artiste ordinaire, auquel je ne prête pas de talent particulier, à part celui d’être résolu à ouvrir sa gueule en grand.

Par ailleurs, je considère comme grotesque notre obsession pour l’inédit. On admet dans la musique la possibilité de réinterpréter des œuvres, mais on attend de chaque plasticien qu’il réinvente l’art ex nihilo. Mes artistes sont des interprètes : ils citent d’autres artistes ou des idées proverbiales, sous la forme la plus simple et primitive du graffiti. Ils transposent les mots des autres sur des supports signifiants… de manière volontiers absurde. C’est là leur œuvre.

Ensuite, mes moyens plastiques sont ceux que je maîtrise et pourraient bien évoluer à l’avenir. J’ai appris à dessiner en copiant des bandes dessinées donc mon style est très graphique et je l’assume. Je dessine au crayon (souvent trois) parce que c’est rapide et donc spontané. Enfin, j’utilise le plus souvent des cartons d’emballage comme supports, parce que j’apprécie l’économie de moyens et le recyclage.

Vous n’êtes pas obligés d’aimer, mais vous avez le droit de réagir (même si vous n’avez pas l’habitude de l’ouvrir).

Fait pour servir et valoir ce que de droit.

À Lyon, le 06/03/2020

para.graff

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